Vous êtes ici

Très Classe

Un signe cordial aux élèves comédiens du Conservatoire de Paris, (CNSAD) ils expriment un refus qui ne semble pas dater d'hier. Une attente forte, à laquelle des professeurs ont réagi de façon curieuse, en lançant une pétition contre ces récalcitrants. Je résume et déforme probablement, car l'affaire a déjà évolué, et demande aussi à ce qu'on rassure les étudiants, ils ont bien fait, la discussion est ouverte.

Nous vivons dans des systèmes démocratiques. Proclamés tels, car les limites restent à cerner quand ce mode du gouvernement par le plus grand nombre nous amène à subir des choix économiques périlleux, accepter des opinions mouvantes et influençables ou le basculement d'une région sous les assauts de vendeurs achalandeurs à coups de promesses fiscales et de recettes éprouvées : xénophobie, sécurité, repli culturel affiché. Faut-il s'y soumettre ou s'évertuer à freiner ? Dans la démocratie quoiqu'il arrive, on peut se réjouir des manifestations de son existence, de ses mécanismes rudimentaires, chaque fois qu'un groupe d'individus, avant la pétition, fait usage des instances de consultation.

Les étudiants du Conservatoire national d'art Dramatique disposent d'un Conseil des études, au sein duquel ils ont émis un avis sur les orientations pédagogiques, ils s'estiment déconsidérés par une direction qui, nous le constatons depuis ses prémices, procède de la Restauration, tant dans les modes d'image et de communication que dans les intitulés pédagogiques. Conserverie avancée, rêve nébuleux du grand retour. Je ne l'évoque pas au hasard, cette lettre précise des étudiants en fait part où ils parlent d'une coupure anachronique de leur école avec le monde, de l'absence de liens avec les productions contemporaines et l'écriture présente. La réponse publique de leur directeur le confirme, qui tente de prendre pied par un rappel du "bon usage" : il est recommandé de se servir des mots agréés sous peine d'être excommunié pour dérive technocratique (ainsi le mot "dysfonctionnement" est signalé comme un barbarisme, ce qui ne lui empêche pas de désigner assez crûment le problème de l'endroit). Le crime des protestataires c'est la terminologie. A cela quelques enseignants ajoutent que la rédaction de cette lettre adressée au ministère et à la connaissance du public est vague ou confuse, et rendent publique à leur tour une lettre qui pourrait figurer comme modèle-type, avec ses airs de remontrances effarouchées, au répertoire des polices de l'Est. On y trouve des formules solennelles, aucun dialogue : Les élèves, dans leur grande majorité, semblent n’avoir jamais été aussi concentrés sur leur travail, et désireux de s’exprimer désormais d’abord par leur art. Curieuse exclusive de l'art... Peu d'égard au mouvement et à la fierté mutine qui vibre sous cet acte frondeur. Aucune révérence, amoureux du passé, vers ces actes révolutionnaire qui ont toujours secoués notre grand foutoir de lucidité, car contrairement à ces dénégations le texte proposé par les étudiants est clair, son contenu n'est ni vague ni contradictoire. Aussi choquant que cela puisse paraitre à certaine distinction théâtrale, là on ouvre sa gueule :

Nous sommes navrés d’assister à cette séparation entre le Conservatoire et le monde, et plus encore, entre la direction et nous-mêmes. Une méfiance réciproque a gagné nos relations, et dans ces conditions, nous envisageons avec beaucoup de scepticisme le devenir de notre école. Soulignons, enfin, que nous ne dénigrons ni la qualité de l’enseignement, ni celle de l’encadrement qui nous est offert : à travers ces quelques points, nous disons que, malgré les innovations qui ont pu être réalisées, son organisation actuelle fait du Conservatoire un lieu hors du temps et clos sur lui-même. Et il est douloureux de faire ce constat.

Il convient donc de célébrer l'audace des perturbateurs et leurs arguments lisibles. Ils considèrent qu'au bout de deux mandats de Daniel Mesguisch, il est possible de changer de point de vue. Nous aimerions qu'il puisse en être autant dans d'autres endroits où l'expression des spectateurs et des citoyens ne se limitent pas à l'acceptation silencieuse. Il est beaucoup question de mandats et de reconduction dans les murmures de ce métier, il est beaucoup question de ce potentat qu'exercent ceux qui dirigent lorsqu'ils souhaitent encore prolonger. Il est beaucoup question de notre incapacité à transmettre et des arguments toujours habiles de ceux qui souhaitent garder comme octroi les postes démocratiques qui leur furent confiés, direction des théâtres et des centres. Il est beaucoup question de la question des cumuls des mandats voisine de celle-ci, et de la panique de quelques élus, il est beaucoup question des sommes cumulées et des titres gracieux décernés aux individus de la république médiatique. Ce qu'on peut appeler l'affaire des bankables en parlant des cachets démesurés des acteurs, trouve ici sa métaphore : les mieux payés comme les plus titrés ne sont pas garantie absolue du succès. Rarement preuve de nouveauté. Il est question d'une autre répartition démocratique et d'agiter chaque fois que cela se présente les habitudes et les connivences. Comme les élèves de cet établissement, nous aussi nous adressons à cette nouvelle direction du ministère des voeux en ce sens, après avoir accepté des logiques de nominations aux apparences pour le moins kitsch. Soutenir par ce témoignage l'action de ces étudiants est au moins nécessaire dans l'averse de reproches et d'intimidation qui a suivi leur entreprise. Ne pas dramatiser, les saluer et leur souhaiter d'avoir la paix. Leur boulot est fait, qu'ils retournent à leurs planches.

Commentaires

Mesguish squatte le conservatoire bien avant l'a voir dirigé et déjà a l'époque il était connu pour son absentéisme et son laxisme . Cette maison est poussiéreuse. Cette école devrait être à la pointe.