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Le Joueur

Dostoïevski Fedor

1994
Pochette du Joueur

J’avais tout perdu, tout… Je sors du casino, je regarde… un florin se promenait encore dans la poche de mon gilet : Ah ! j’ai encore de quoi dîner ! me dis-je.

Mais après avoir fait une centaine de pas, je me ravisai et rebroussai chemin. Je mis ce florin sur manque (cette fois, c’était sur manque) et, vraiment, l’on éprouve une sensation particulière lorsque, seul, en un pays étranger, loin de sa patrie, de ses amis, et ne sachant pas qu’on va manger le jour même, on risque son dernier florin, le dernier, le dernier ! Je gagnais, et, vingt minutes plus tard, je sortis du casino avec cent soixante-dix florins en poche. C’est un fait. Voilà ce que peut parfois signifier le dernier florin ! Et si je m’étais laissé abattre, et si je n’avais pas eu le courage de me décider ?… Demain, demain, tout sera fini !…

DostoïevskiLe Joueur

Détachement, haine sous-jacente, volonté, insolence, rancœur, tout est là. Tout, avec une fureur barbare : celle de Dostoïevski. Ce sont ses mots, son regard, sa hargne presque à contempler ce qui fait sa ruine, le conduit un peu plus chaque pas à se défaire, à se perdre. Jacques Bonnaffé se meut avec aisance dans tout cela. Avec la joie d’un disciple, il endosse la personnalité d’Alexis, à la fois vaste assez et trop étroite pour contenir Dostoïevski. Il parle, s’enivre presque des mots, sans jamais donner prise à la griserie trompeuse. C’est une ébriété lucide, voulue, recherchée même au travers d’Alexis. C’est une ébriété qui serait un point de contact avec Dostoïevski. Alexis Ivanovitch joue d'abord pour gagner puis, pour étonner, enfin pour espérer. Il n'a pas misé seulement de l'argent, mais sa vie elle-même. Ce récit suit comme une ombre la vie de Dostoïevski, durant quinze ans, à Moscou et Baden-Baden, où il se ruina au jeu.

Support :
5 CD
Éditeur :
Frémeaux & Associés
Site web :
www.lalibrairiesonore.com